12 mars 2020

      1. Le 14 mars : rallumer l’étincelle, reprendre les Champs-Élysées
      2. Pour la Commune, par Raoul Vaneigem
      3. Municipalisme participatif : un pas en avant vers l’émancipation sociale ?
      4. L’arnaque du capitalisme vert
      5. Cartographie de nos bleus
      6. Cantine et concert à l’Étuve
      7. Cantine solidaire à La Lézarde

1. Le 14 mars : rallumer l’étincelle, reprendre les Champs-Élysées

Appel aux Gilets jaunes, travailleurs, lycéens, étudiants, écologistes, féministes, etc.

Un an et demi après l’irruption du mouvement des Gilets jaunes, la grogne reste diffuse et partagée. Chaque déplacement d’un membre du gouvernement s’accompagne d’une perturbation. Macron est pris pour cible au-delà des frontières du territoire hexagonal. Les représentants du pouvoir ne peuvent plus apparaître publiquement sans être hués. Plus personne n’est dupe de l’escroquerie de La République en marche : un parti comme les autres, au service des possédants et des dominants. Aujourd’hui, presque aucun secteur n’est épargné par l’attaque frontale d’un néolibéralisme qui ne se dissimule plus et affiche fièrement son objectif de nous appauvrir au profit des plus riches.

Néanmoins, les colères sont trop souvent localisées et isolées. La force du mouvement des Gilets jaunes a été de poser le gilet jaune comme un signifiant, un cri de ralliement, un objet commun de la révolte qui sommeillait. Après des semaines, si ce n’est des mois, à être mis en échec et à subir l’encadrement policier, il apparaît nécessaire de reposer l’évidence d’un ciblage des lieux de pouvoir afin de donner une orientation tactique à la contestation. Là où les Gilets jaunes ont fait trembler la structure de l’État et des institutions, en contraignant le gouvernement à un recul (provisoire), le mouvement contre la réforme des retraites a vérifié que le nombre n’est pas une donnée suffisante pour soutenir le rapport de force.

Dorénavant, il s’agit de nous poser les questions vitales qui conditionnent notre capacité à sortir de l’apathie, à relever la tête, en regardant droit dans les yeux ce gouvernement et en annonçant la couleur à celui qui suivra. Désirons-nous rester sagement là où le pouvoir nous enferme ou voulons-nous aller au plus près des endroits où se prennent les décisions qui affectent nos vies ?

Le 14 mars 2020 s’annonce comme un acte décisif, non pas qu’il faille le penser comme une finalité, mais dans ce qu’il offre comme possibilité pour rouvrir un horizon où la lutte se pense en-dehors des frontières imposées à la fois par les positions sociales que tout un chacun occupe et par les normes sociales qui cadenassent nos conduites. Reprendre les Champs-Élysées, c’est poser la volonté de se défaire de l’attendu, d’être là où la bourgeoisie ne nous veut pas et réaffirmer que la plus belle avenue du monde appartient à celles et ceux qui font fonctionner la société et assurent sa reproduction. Nous avons conscience de notre force sociale, et des effets que nous pouvons provoquer lorsque nous agissons en commun dans le même but.

Sur nos lieux de travail, dans nos lycées et nos facultés, nos villes et nos quartiers respectifs, il est temps de nous détacher des vieilles formes de la contestation pour reprendre la route de l’invention émancipatrice. Ensemble, nous sommes forts, et cette force ne peut être éteinte par la répression, qui n’a d’autre objectif que de nous effrayer et nous éloigner de nos revendications initiales de justice sociale, économique, fiscale et écologique. Reposer ces questions dans l’espace public est un impératif pour formuler politiquement la question de notre rapport à l’alternative que depuis plus d’un an nous développons d’ores et déjà à différentes échelles : des solidarités partout sur le territoire, sur les ronds-points et ailleurs, cibles permanentes de la police de Macron, des résistances collectives face à la répression, des idées qui se sont expérimentées dans les assemblées et les occupations, bref, la démocratie à la base et un sens tactique de l’intervention politique.

Alors, faisons du 14 mars une date pour relancer la prise d’initiative, par des assemblées locales ou d’autres formes d’organisation. Anticipons les coups de l’ennemi, soyons créateurs, tout en étant attentifs à ses mouvements.

Cette date n’est pas une fin, mais une étape. Le 1er mai 2020 sera la suivante, d’ici là, reprenons les Champs-Élysées, rallumons la flamme et la nécessité d’unifier nos colères pour dessiner un horizon commun.

Publié sur Acta

2. Pour la Commune, par Raoul Vaneigem

“Le combat de la Commune est celui de la générosité humaine contre la dictature du profit. Nous n’allons pas tolérer que le capitalisme mondial et le calcul égoïste pollue notre environnement et notre conscience humaine. L’aide aux plus démunis relève des assemblées populaires non de la froide juridiction étatique et de ses souteneurs xénophobes, racistes, sexistes. L’élan de la solidarité porte à une irrépressible et insolite sensation : la vie va si vite que nous n’avons plus le temps de mourir. L’insurrection est une cure de santé”.

Lire la suite: https://lavoiedujaguar.net/Pour-la-Commune

3. Municipalisme participatif : un pas en avant vers l’émancipation sociale ?

Phénomène encore marginal lors des précédentes élections municipales, la constitution de nombreuses listes dites « participatives » ou « citoyennes » pour le scrutin de 2020 marque une tendance semblant ancrer un regain d’intérêt et une reconsidération de la politique à l’échelon local. Souvent présenté comme une volonté de revaloriser la parole des citoyens et de remettre le pouvoir entre les mains des habitants des villes et des communes, le municipalisme participatif serait ainsi une avancée vers une nouvelle manière de gouverner, plus démocratique mais aussi plus respectueuse de valeurs sociales ou environnementales.

L’essor de cette participation citoyenne puiserait son inspiration d’appels multiples à s’emparer du pouvoir local et à dépasser le cadre habituel du modèle représentatif largement décrié pour ses lacunes en terme d’écoute et de prise en considération démocratique. Sont ainsi souvent citées comme références les mouvements assembléistes refusant une hiérarchisation de leur mode de fonctionnement tels ceux des Indignés en Espagne ou d’Occupy Wall Street aux États-Unis, les mouvements français des Nuits debouts ou des Gilets Jaunes avec la tenue des Assemblées des assemblées ou la proposition de Référendums d’Initiative Citoyenne (RIC).

Pour autant, si la prise de conscience que la possibilité d’agir et de changer les choses ne peut vraisemblablement se faire au niveau étatique – le récent passage de la réforme des retraites au 49.3 n’étant que la dernière illustration d’une longue tradition d’autoritarisme et d’abus de pouvoir gouvernemental face aux revendications sociales et populaires – celle de s’organiser au sein même de l’institution peut présenter de sérieuses limites et incohérences. Et malgré l’aspect qui paraîtrait au premier abord plutôt réjouissant de vouloir amener un peu d’air frais au sein de l’instance réputée la plus proche de la population, il importe de creuser plus amplement la question.

Une partie des listes participatives s’est constituée dans le sillage de mouvements horizontaux de contestation large, de luttes locales prenant comme points de départ le refus de projets d’aménagements jugés nuisibles ou la fermeture de services publics, ou plus simplement en opposition à d’inlassables reconductions de mandats et prises de décisions sans concertation issues des précédents conseils. Là où une contestation était présente localement afin de faire pression sur les élus, il s’agit dorénavant de se faire élire soi-même afin de prendre les rênes en main. Le risque ici, en invitant les gens à se réapproprier leur destin par une participation aux rouages institutionnels, est bien de s’assujettir aux exigences et contraintes de ceux-ci pour au final porter plus d’intérêt au rythme des échéances électorales plutôt que d’agir dans la vie quotidienne. De surcroît, et les exemples ne manquent pas, le potentiel de rupture qui pouvait émerger de mobilisations spontanées et auto-organisées, une fois celles-ci tombées dans la normalisation de l’institution, ont dans leur immense majorité vu leurs exigences politiques et leurs revendications s’étouffer.

D’autre part, la nécessité de représentativité inhérente au modèle électoral fait que bon nombre de programmes peuvent se retrouver dès leur élaboration édulcorés – si ce n’est dépolitisés – ou bien même réduits à une simple déclaration de façade participative incitant les citoyens à donner leur avis pour des projets déjà tout tracés. Une liste participative ne peut pourtant faire l’économie d’une critique fondamentale d’un système qui entretient les inégalités et injustices, ni ne s’engager à les combattre. Et la seule garantie de se présenter avec la volonté de recueillir les avis de chacun dans des commissions ou groupes de travail, quand bien même ils seraient pris en compte, ne suffit pas à s’affranchir de reproduire ces dernières une fois élu. Les exemples de la liste participative catalane Barcelona en Comú poursuivant la chasse aux vendeurs immigrés à la sauvette ou celle grenobloise d’Eric Piolle coupant l’eau et l’électricité à des squats hébergeant une population en grande précarité laissent ainsi songeurs…

Et au delà des limites légales imposées par le pouvoir restreint des communes, notamment happées par les communautés d’agglomération, et la faible latitude laissée face à la main mise centralisatrice de l’État, c’est bien le risque de se heurter à une incapacité toute tracée de ne pouvoir réaliser que de maigres avancées et de se retrouver ainsi découragé à poursuivre un engagement plus profond. Les volontés d’installer quelques producteurs bio ou de limiter la production de déchets au niveau d’un village, même si l’on ne doute pas de la pertinence de tels projets, font ainsi bien pâle figure face au changement climatique causé par la dévastation industrielle capitaliste. L’importance du propos ne réside alors pas dans le fait de questionner la pertinence du petit-geste-qui-peut-sauver-la-planète très prôné par certains, mais bien dans celui de ne pas se laisser intégrer dans le fonctionnement et la logique qui la détruisent.

Ainsi, si agir et s’organiser localement de manière large, directe, et horizontale semble une voie primordiale vers la perspective d’une société émancipée, se restreindre à ne pas dépasser le cadre donné, à ne pas porter son action et sa réflexion en dehors, et face à l’institution, ne restera qu’une tentative vaine de réaliser de réels changements. De nombreuses initiatives éparses et contre-pouvoirs existent et restent à consolider afin de développer une forme politique capable de porter chaque individu au-delà des limites du système actuel. Espérons toutefois que les idéaux du municipalisme participatif ne se borneront pas à de simples annonces électorales mais seront réellement expérimentées dans un esprit de rupture et d’innovation.

Article tiré de l’Épisode Cévenol 11. En ligne ici.

4. L’arnaque du capitalisme vert

En ces temps inquiétants de changement climatique et de crise environnementale, il est pourtant rassurant d’identifier quelques lueurs d’espoir à l’horizon. Il y a les grands mouvements contre l’injustice climatique, comme l’Extinction Rebellion (XR). Il y a Greta Thunberg avec son message de réveil aux pollueurs de notre atmosphère. Et il y a la promesse en 2020 d’un New Deal pour la nature, où la communauté mondiale se réunira enfin en Chine pour résoudre les graves problèmes auxquels nous sommes tous confrontés.

Malheureusement, il devient de plus en plus évident que ces lueurs d’espoir sont trompeuses et font partie d’un spectacle immense et inouï de « greenwashing », un marketing de technologies « clean » et « renouvelables » qui nous mènera vers une « quatrième révolution industrielle » et donc la destruction continue de la nature au nom du profit. Le but n’est pas de « sauver la planète » mais de relancer l’économie mondiale sur une nouvelle base permettant de sauver le système capitaliste.

L’une des demandes principes de l’Extinction Rebellion, par exemple, est la « neutralité carbone ». Mais, en réalité, celle-ci sert à justifier et à compenser la pollution plutôt qu’à la réduire. Des entreprises peuvent acheter des crédits carbone, c’est-à-dire le droit à polluer.  Comme l’explique Kim Hill: « Sous couvert d’un tel concept, une économie supposément neutre en carbone continue d’extraire et d’utiliser des combustibles fossiles, tout en générant des profits massifs pour des entreprises liées à ce marché du carbone ». (i) Derrière cette mouvance, née en Angleterre, on voit une tentative de récupérer et détourner la contestation écologiste vers un soutien du capitalisme vert. Ce n’est pas anodin que les chefs de « XR » aient lancé, puis très vite retiré, face à une révolte dans leurs rangs, un site web « XR Business », où l’on a vu que ces « rebelles » avaient le soutien de tout un monde d’investisseurs, de gestionnaires de fonds et d’autres « business leaders ».

Comme les militant-e-s XR de base, Greta Thunberg avec son sincère engagement pour le climat a sûrement de bonnes intentions, mais comment a-t-elle été si vite propulsée dans une position lui permettant de donner des leçons au Forum économique mondial et à l’ONU, d’être à la Une de tous les grands médias, d’être accueillie par Barack Obama, Christine Lagarde et Emmanuel Macron ? A noter que dès ses débuts, lors de sa « grève » solitaire sur le trottoir de Stockholm, elle a été médiatisée par un professionnel des relations publiques à New York et filmée pour un documentaire anticipant le grand succès de sa petite campagne artisanale.

Le « New Deal pour la Nature » est un accord international qui réunit les entreprises, les institutions financières et les ONG les plus puissantes du monde et qui doit être finalisé lors de la conférence de la Convention sur la diversité biologique en Chine en octobre 2020. (ii) Parmi les propositions : doubler les « aires protégées » du monde afin qu’elles couvrent 30% des terres et des océans du globe. Mais si la pollution au mode de production du système capitaliste continue en dehors de ces « aires » quel en est le sens? En plus, ce New Deal veut placer sous gestion internationale des zones riches en ressources actuellement habitées par des peuples autochtones. Pour faire quoi?

Le World Wide Fund for Nature (WWF), qui promeut ce New Deal, est l’un des fondateurs du We Mean Business, une coalition dans « l’action climatique » qui représente 477 investisseurs avec 34 billions de dollars d’actifs. Il est à craindre que le véritable objectif des « aires protégées » soit d’expulser les gens de leurs terres pour exploiter les ressources nécessaires à l’alimentation de l’énergie dite durable, de l’intelligence artificielle et des villes « intelligentes ». Stephen Corry de l’ONG Survival International nous prévient: « C’est un nouveau colonialisme, le plus grand accaparement de terres au monde, soi-disant “vert” et censé sauver le monde – un très gros mensonge » . (iii)

Présentation et débat sur l’arnaque du « capitalisme vert » à La Lézarde, 66 Grand’rue, Saint-Jean du Gard, 18h le vendredi 20 mars. Suivi d’un repas partagé.

i. https://bit.ly/39oNPW8
ii. https://bit.ly/3avA2Nv
iii. https://bit.ly/2PQl2Sy

Article tiré de l’Épisode Cévenol 11. En ligne ici.

5. Cartographie de nos bleus

Samedi 14 mars à 18h – présentation et discussion à La Lézarde, St-Jean-du-Gard. Aude Vincent est géologue, féministe, circassienne et auteure. Elle vient présenter son premier roman, Cartographie de nos bleus. Parce qu’il y a trop peu de mots contre les violences conjugales, parce que les statistiques sont effarantes, et que les chiffres ne disent pas les vies malmenées, le deuil des disparues, la force des survivantes. Pour refléter la diversité des femmes qui peuvent être touchées, ce roman met en scène six héroïnes d’origines et de milieux différents.

6. Cantine et concert à l’Étuve

Dimanche 15 mars: Cantine et concert à l’Étuve, lieu collectif et autogéré, Route de Ganges, Pont d’Hérault (30).

En soutien à la caisse de solidarité de l’association “Les 400 coups” pour aider des mômes en galère à partir en colo ! http://www.les400coups-colo.fr/

On mange à partir de midi, à 14h on danse avec
Red Fish (pop-rock blues, Le Vigan) et puis il y aura des crêpes et un petit bar…

Garez vous bien, et laissez chien-chien à la maison.
Entrée sur Adhésion Libre.

7. Cantine solidaire à La Lézarde

Samedi 21 mars à partir de 12h. Cantine solidaire à La Lézarde de St-Jean-du-Gard. Fin de mois difficile, retard de paiement RSA, facture imprévue ou réparation automobile hors de prix, étant donné les difficultés financières rencontrées par un grand nombre de gens, nous souhaitons mettre en place une cantine solidaire à prix libre dont la recette sera reversée aux personnes en galère. Un fonctionnement collectif sera mis en place et chacun pourra bénéficier et organiser ces évènements.